Comment demander des services d'interprétation pour le conseil sur les médicaments

Vous venez de recevoir une ordonnance, mais vous ne comprenez pas bien comment prendre votre médicament. Vous avez peur de faire une erreur. Vous n’êtes pas seul. Des millions de personnes aux États-Unis, dont beaucoup vivent dans des régions comme Montréal ou à proximité, doivent faire face à cette situation chaque jour. La loi exige que les pharmacies offrent un interprète professionnel pour expliquer les médicaments, sans frais. Mais comment demander ce service correctement ? Et pourquoi est-ce si important ?

La loi vous protège - vous avez droit à un interprète

En 2025, il est illégal pour une pharmacie de vous donner un médicament sans vous expliquer clairement comment l’utiliser. Si vous ne parlez pas bien l’anglais, la loi fédérale (Section 1557 de la Loi sur les soins abordables) oblige la pharmacie à vous fournir un interprète qualifié, gratuitement. Cela ne dépend pas de votre statut d’immigration, de votre assurance ou de votre revenu. C’est un droit. Et ce droit existe pour une raison simple : les erreurs de médicaments tuent. Une étude de l’Université de Californie a montré que les patients qui ne comprennent pas les instructions ont trois fois plus de risques de faire une erreur grave - comme prendre deux fois la dose ou mélanger des médicaments dangereux.

Les pharmacies qui ne respectent pas cette règle risquent des amendes de plusieurs centaines de milliers de dollars. En 2022, une chaîne nationale a été sanctionnée à hauteur de 1,2 million de dollars pour n’avoir pas fourni d’interprètes lors des conseils sur les médicaments. Ce n’est pas une menace vide. Les autorités fédérales ont augmenté les contrôles de 200 % depuis 2016.

Ne demandez pas à un membre de votre famille d’interpréter

Beaucoup de gens pensent qu’un enfant, un voisin ou un ami bilingue peut faire l’affaire. Ce n’est pas vrai. Et c’est dangereux. Un médecin de l’Université du Texas a montré que l’utilisation de proches comme interprètes augmente le risque d’erreur médicamenteuse de 49 % par rapport à un interprète professionnel. Pourquoi ? Parce que traduire un médicament, ce n’est pas traduire une recette de cuisine. Il faut connaître des termes comme « prise à jeun », « interaction avec les anticoagulants », ou « effets secondaires neurologiques ». Un enfant de 12 ans ne sait pas ce que signifie « hypotension orthostatique ». Un voisin bilingue ne connaît pas les abréviations médicales standard.

La Commission conjointe (Joint Commission), qui vérifie la qualité des soins aux États-Unis, affirme clairement : « Aucune norme ne prohibe un professionnel bilingue de parler directement avec un patient, mais il doit prouver sa maîtrise des termes médicaux. » Et seulement 12 % des employés de pharmacie qui se disent « bilingues » réussissent un test de vocabulaire pharmaceutique. Ce n’est pas un hasard. C’est une faille systémique.

Comment demander un interprète - les étapes concrètes

Voici exactement ce que vous devez dire - pas plus, pas moins - pour obtenir un interprète professionnel :

  1. À votre arrivée à la pharmacie, dites clairement : « J’ai besoin d’un interprète professionnel pour comprendre les instructions de mon médicament. »
  2. Ne laissez personne vous proposer un membre de votre famille, un collègue ou un étudiant en pharmacie comme interprète. Répétez : « Je veux un interprète qualifié, comme le veut la loi. »
  3. Si la pharmacie ne propose pas d’interprète en personne, demandez : « Pouvons-nous faire une vidéo ou un appel téléphonique maintenant ? »
  4. Si on vous dit « On va vous appeler plus tard », insistez : « Je veux parler avec un interprète avant de quitter la pharmacie. »

Les pharmacies sont obligées d’avoir un système fonctionnel. La plupart utilisent des services comme RxTran, qui permettent de joindre un interprète en moins de 30 secondes par téléphone ou vidéo. Si vous êtes dans une petite pharmacie indépendante, ils doivent quand même vous connecter à un service externe. Ils ne peuvent pas dire « on n’a pas de ressources ». La loi ne fait pas de distinction entre grandes et petites pharmacies.

Une feuille d'instructions en vietnamien est remise à un patient, tandis qu'une interprète virtuelle apparaît en hologramme.

Les trois façons de recevoir un interprète - et laquelle choisir

Il existe trois méthodes principales. Chacune a ses avantages et ses limites.

  • Appel téléphonique : Le moins cher (environ 2,50 $ par minute). Connecté en moins de 30 secondes dans 92 % des cas. Mais si vous êtes âgé ou avez une perte auditive, c’est difficile. Une étude à Boston a montré que 32 % des personnes âgées se sentent perdus avec ce système.
  • Visioconférence : Le meilleur compromis. Vous voyez l’interprète, ce qui aide à comprendre les gestes et les expressions. Coût : 3 à 5 $ par minute. 65 % des établissements de santé l’utilisent déjà. Parfait pour les explications complexes.
  • Interprète en personne : Le plus efficace. Idéal si vous avez plusieurs médicaments, des questions sur les effets secondaires, ou si vous êtes anxieux. Coût : 45 à 75 $ de l’heure. Mais ce n’est pas toujours disponible, surtout en dehors des grandes villes.

En Californie, les pharmacies doivent proposer les trois options, et elles sont tenues de les utiliser obligatoirement pendant les conseils sur les médicaments. Même si vous êtes pressé, même si la pharmacie est bondée. La loi ne permet pas de faire l’impasse.

Les documents traduits que vous avez le droit de recevoir

En plus de l’interprète, vous avez droit à des documents écrits dans votre langue. La Californie, par exemple, a traduit les instructions de prise (appelées SIG) dans cinq langues : espagnol, chinois, coréen, russe et vietnamien. Ces documents sont affichés dans les pharmacies, et vous pouvez les demander à tout moment.

En 2023, une étude a montré que les traductions vietnamiennes étaient claires et culturellement adaptées. Mais les traductions russes posaient des problèmes : les instructions de dose étaient mal formulées, car la structure grammaticale du russe ne correspond pas à l’anglais. C’est pourquoi les traductions doivent être faites par des professionnels, pas par des logiciels. Depuis janvier 2025, l’usage de l’IA pour traduire les étiquettes de médicaments est interdit sans vérification humaine.

Les pharmacies doivent aussi vous fournir des fiches d’information sur les effets secondaires, les interactions, et ce qu’il faut faire en cas d’oubli. Si vous ne les recevez pas, demandez-les. Elles font partie de votre droit.

Un patient revendique son droit à un interprète dans une pharmacie, un document juridique flottant au-dessus d'eux en lumière dorée.

Que faire si on vous refuse un interprète ?

Si la pharmacie refuse, ou vous fait attendre plus de 10 minutes sans solution, voici ce que vous faites :

  1. Écrivez le nom de la pharmacie, l’heure, le nom de l’employé si possible.
  2. Appelez la ligne d’assistance de l’Office for Civil Rights (OCR) du ministère de la Santé : 1-800-368-1019.
  3. Signalez l’incident en ligne sur hhs.gov/ocr (le site est en anglais, mais vous pouvez appeler en français).

Vous n’avez pas besoin de parler anglais. L’OCR a des interprètes disponibles pour 200 langues. Ils envoient une enquête à la pharmacie. Et si la violation est confirmée, ils imposent une amende. C’est ainsi que les choses changent.

Les nouvelles tendances - ce qui va changer en 2025

Le système évolue. En 2025, les remboursements pour les services d’interprétation sont augmentés pour les enfants : le gouvernement rembourse désormais 75 % des coûts au lieu de 50 %. Cela pousse les pharmacies à investir dans de meilleurs services.

La Californie va ajouter le tagalog et l’arabe à ses traductions standard. Ces langues représentent 22 % des patients qui ne parlent pas anglais dans l’État. Et des analyses prévoient que d’ici 2026, 70 % des petites entreprises de traduction médicale seront rachetées par de grands groupes technologiques, ce qui devrait améliorer la qualité et la disponibilité.

Le nombre de patients ayant une faible maîtrise de l’anglais va continuer à augmenter. En 2030, il y aura 28,6 millions de personnes dans cette situation aux États-Unis. La demande ne fera que croître. Et la loi va devenir encore plus stricte.

Conclusion : votre santé ne peut pas attendre

Demander un interprète, ce n’est pas une faveur. C’est un droit. Et c’est une question de vie ou de mort. Ne laissez personne vous dire que « c’est trop compliqué », « on n’a pas de temps », ou « votre fils peut faire l’affaire ». Vous avez le droit d’être compris. Vous avez le droit de comprendre. Et si vous ne le faites pas, vous prenez un risque que vous ne devriez pas avoir à courir.

La prochaine fois que vous irez chercher une ordonnance, dites simplement : « J’ai besoin d’un interprète professionnel. » Et attendez. Vous méritez de savoir exactement ce que vous prenez.

Puis-je être facturé pour un service d’interprétation lors d’un conseil sur les médicaments ?

Non, jamais. La loi fédérale interdit formellement aux pharmacies de facturer les patients pour les services d’interprétation. Cela inclut les appels téléphoniques, les visioconférences et les interprètes en personne. Si on vous demande de payer, c’est une violation de la loi. Signalez-le à l’Office for Civil Rights du ministère de la Santé.

Quelles langues sont généralement disponibles pour les interprètes en pharmacie ?

Les services les plus courants couvrent l’espagnol, le chinois, le vietnamien, le coréen et le russe - les langues les plus parlées par les patients à faible maîtrise de l’anglais aux États-Unis. Mais les grandes chaînes et les services comme RxTran proposent des interprètes pour plus de 200 langues. Si votre langue n’est pas listée, demandez quand même : les systèmes modernes peuvent connecter un interprète en quelques minutes, même pour des langues rares.

Est-ce que les pharmacies doivent avoir des documents imprimés dans ma langue ?

Oui. En plus de l’interprète, vous avez droit à des fiches écrites dans votre langue, comme les instructions de prise (SIG), les avertissements et les informations sur les effets secondaires. En Californie, ces documents sont obligatoires et disponibles dans cinq langues. Dans d’autres États, les pharmacies doivent les fournir sur demande, même si elles ne les affichent pas. Ne vous contentez pas d’un papier en anglais - demandez la version dans votre langue.

Puis-je demander un interprète même si je parle un peu d’anglais ?

Oui. La loi ne demande pas que vous soyez totalement illettré en anglais. Si vous ne comprenez pas les termes médicaux, les doses, les interactions ou les avertissements, vous avez droit à un interprète. Beaucoup de gens pensent qu’ils doivent « bien parler » pour avoir droit à l’aide. Ce n’est pas vrai. La barrière est la compréhension médicale, pas la maîtrise du langage courant.

Qu’est-ce qu’un interprète « qualifié » ?

Un interprète qualifié a suivi au moins 40 heures de formation en terminologie médicale, a passé un examen de compétence, et est tenu de suivre des mises à jour régulières. Il ne doit pas être un employé de la pharmacie qui parle deux langues, mais un professionnel indépendant certifié. Les interprètes qualifiés respectent le secret médical, utilisent la première personne (« je prends » au lieu de « il prend »), et évitent d’ajouter ou de supprimer des informations. Ce sont des normes strictes, pas des recommandations.